Convaincu par l’expérience concluante de son compatriote helvète Christian Kreienbühl l’an passé, Tadesse Abraham a fait un crochet victorieux par les Vosges, hier. Dans sa ligne de mire : les championnats d’Europe de marathon.
Moralité de l’histoire écrite hier à l’occasion de la 27e édition des Foulées de Longemer : un Suisse peut en cacher un autre. Evidente conclusion qui dessinera peut-être une tendance ces prochaines années sur l’épreuve vosgienne si les coureurs helvètes continuent de se passer le mot. En 2013, Christian Kreienbühl avait initié le mouvement en pleine préparation du marathon des Mondiaux de Moscou, son grand objectif finalement conclu d’une probante 34e place.
L’expérience ayant pour le moins fonctionné à merveille, le natif de Rüti a donc décidé de défendre son titre sur ce 10 km pas vraiment plat mais tendance populaire avec, dans un coin de la tête, les championnats d’Europe de Zurich et l’épreuve marathon du 17 août prochain. Dans ses bagages cette année : un compatriote un peu spécial nommé Tadesse Abraham, grosse pointure, lui aussi, du 42,195 km. Très grosse pointu re en fait, cet athlète né en Érythrée il y a 32 ans, et naturalisé il y a à peine un mois dans un pays où il avait mis les pieds en 2004 en tant que réfugié politique, possédant un record personnel de 2 h 07’44’’ sur la distance mythique. Lisez entre les lignes et vous comprendrez que c’est le grand favori à une couronne européenne himself qui est venu donner la leçon hier matin autour du lac de Longemer.
Moussaoui impuissant
« J’ai beau avoir le meilleur temps d’engagement, je ne suis pas assuré d’avoir une médaille pour autant, prévient-il. Ça reste un grand championnat et être favori ne veut pas toujours dire grand-chose mais j’ai le droit d’espérer. » À vérifier d’ici deux semaines donc. En attendant, ce cher Tadesse Abraham, ébouriffant en 29’30’’ mais sans se forcer outre mesure, n’a pas vraiment fait dans la dentelle pour succéder à son ami Christian Kreienbühl. Ce dernier, à l’instar de Mohamed Moussaoui (Athlé Vosges), a bien tenté de suivre la cadence. Cinq kilomètres durant, cela fonctionna même plutôt bien.
« Ensuite, il a accéléré et j’ai dû le laisser partir parce qu’il était tout simplement plus fort », admet le lauréat 2013 (2e en 30’19’’ cette année), qui visera, lui, une place parmi les trois meilleurs Suisses à Zurich, quelque part entre Victor Röthlin, le tenant du titre, et son flamboyant partenaire d’entraînement. Côté Mohamed Moussaoui (3e en 31’24’’), même son de cloche. « Je me suis un peu cramé au départ mais j’ai quand même essayé de suivre le rythme des Suisses parce que c’était ma dernière course de l’année et je voulais profiter. Mais j’ai lâché dans les quatre derniers kilomètres », regrettait le Spinalien alors qu’un autre athlète l’interpellait dans l’aire d’arrivée:«C’est toi qui as gagné à Neufchâteau (sur le 10 km de la Tricolore Néocastrienne il y a trois semaines), non ? » Sou rire en coin et aveu immédiat : « Oui, c’était bien moi mais aujourd’hui (hier), il y avait un autre niveau. C’était un autre monde… »
(Text: Vosges Matin, Thomas Broggini)
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